Diversification et fragmentation du travail. Le passage de l'emploi salarié typique à des formes de travail atypique chez des travailleurs de plus de 45 ans

Collection

Études théoriques et méthodologiques

Année

2002

Numéro

ET0204

Auteur

Édition

Centre de recherche sur les innovations sociales

Résumé

L’emploi salarié régulier et à temps plein qui s’est peu à peu imposé comme norme dans la période d’après-guerre ne désignait pas simplement une modalité de rapport au travail, mais était devenu l’élément intégrateur d’un modèle de société. Ce modèle, à la fois de travail et de société, connaît, depuis le milieu des années ’70, un effritement durable qui se manifeste notamment par la multiplication de formes de travail atypiques. Qu’elles dérivent d’une forme fragmentée de salariat ou du remplacement d’une dynamique d’emploi par un lien de marché, qu’elles soient surtout le lot des hommes (comme le travail indépendant) et surtout celui des femmes (comme l’emploi salarié à temps partiel, régulier ou non), les formes de travail atypiques sont supportées de manière disproportionnée par les plus jeunes et par les plus âgés. Concernant cette dernière catégorie, le seuil critique s’établit à 55 ans, un pattern qui rappelle celui du chômage de longue durée et de la sortie définitive de l’activité. Le coeur de cette recherche s’est intéressé aux transitions, et plus précisément aux trajectoires de salariés qui ont perdu ou quitté leur emploi après 45 ans et se sont repositionnés dans des formes de travail non salariées ou salariées atypiques, les abordant sous l’angle des revenus et des protections sociales mais aussi de l’identité professionnelle, de la centralité du travail et du rapport au travail et questionnant l’impact de cette transition sur les représentations des différentes formes de travail, des risques sociaux et de l’avancée en âge. Face à un contexte commun de bouleversements du monde du travail, les répondants se retrouvent dans des situations diversifiées, tant pour ce qui concerne leurs conditions matérielles (rémunération et protection sociale) que le sens qu’ils donnent au travail et à leur propre trajectoire professionnelle. Nous avons organisé cette hétérogénéité autour de cinq trajectoires qui sont autant de significations prises par le passage à une forme de travail atypique après 45 ans. Pour certains répondants, le travail atypique constitue une transition entre la carrière et la retraite