Le défi de l'interdisciplinarité : ce que les « sciences sociales appliquées » peuvent apprendre des « sciences sociales fondamentales »

Collection

Études théoriques et méthodologiques

Année

2007

Numéro

ET0707

Auteur

Guy Bellemare

Daniel Tremblay

Édition

Centre de recherche sur les innovations sociales

Résumé

Dans le champ des sciences sociales, il est actuellement courant de parler d’une «crise des disciplines». Un regard sur l’émergence et le développement des sciences sociales incite pourtant à relativiser la gravité de cette «crise». Il est vrai que toute transition, pour les acteurs sociaux qui la vivent, peut sans doute être perçue comme une «crise». La thèse qui sera soutenue ici est cependant que les phénomènes qui se produisent présentement, du moins dans le domaine des sciences sociales appliquées, sont issus d’une rencontre («choc», «mélange», «métissage», etc.) des savoirs et des pratiques qui est loin de ne soulever que des enjeux scientifiques. Ces enjeux, dans une large mesure, sont aussi professionnels, culturels, institutionnels, politiques et économiques. L’examen de cette thèse se fera sur la base d’une expérience précise, celle d’un séminaire portant sur les Fondements de l’approche interdisciplinaire, lequel séminaire s’inscrit dans un programme de Doctorat en sciences sociales appliquées (Transformations du travail, des milieux de vie et des territoires). Ce séminaire porte sur les problèmes et les opportunités que présente le rapprochement de trois disciplines dites appliquées et déjà fortement interdisciplinaires (relations industrielles, travail social et développement territorial). Notre conclusion principale est que les chercheurs des sciences sociales appliquées, en tant qu’acteurs sociaux, deviennent plus ou moins automatiquement intégrés dans des réseaux et même des politiques du savoir (communautés ou coalitions). Généralement, dans ces réseaux, la question de l’identité disciplinaire ne constitue pas un enjeu majeur. De fait, le rôle assumé par les chercheurs des sciences sociales appliquées en est souvent un de «courtier» du savoir. L’enjeu majeur, dans ce contexte, n’est pas nécessairement celui de l’interdisciplinarité. Il concerne davantage la question de la réflexivité individuelle et collective. Cet enjeu est aussi vieux que les sciences sociales elles-mêmes. C’est pourquoi les sciences sociales appliquées ont encore quelque chose à apprendre des sciences sociales fondamentales.

mots clés

Sciences sociales,Sciences sociales appliquées,discipline académique,crise des disciplines,interdisciplinarité,Relations industrielles,Travail social,Développement territorial,réseau,réflexivité