Économie sociale et innovation. L’approche de la régulation, au coeur de la construction québécoise de l’économie sociale

Collection

Études théoriques et méthodologiques

Année

2010

Numéro

ET1103

Édition

Copublication Centre de recherche sur les innovations sociales / Chaire de recherche du Canada en économie sociale

Résumé

Pour marquer les dix ans du Réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire (RIUESS), les organisateurs du colloque, tenu à Luxembourg les 3 et 4 juin 2010, ont voulu faire le point sur la recherche sur l’économie sociale et solidaire. En dépit de nombreuses contributions ayant permis d’approfondir les divers enjeux, domaines et difficultés de l’ESS, on constate toujours l’absence d’un accord sur les contours et les fondements de l’ESS. Il y a donc lieu de s’interroger sur les fondements conceptuels et épistémologiques de l’ESS, une mise au point vue comme l’une des conditions indispensables à l’accession de l’ESS au statut d’alternative crédible à la pensée dominante sur l’économie. Le texte que nous avons soumis à ce colloque vise à présenter l’économie sociale au Québec sous l’angle de la problématique du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). Sans faire une synthèse de la production du CRISES, le texte s’inspire d’ouvrages récents qui mettent l’accent sur les innovations et les projets de transformations sociales portées par l’économie sociale. Dans une première partie, nous présentons l’approche du CRISES qui prend ses sources dans trois courants théoriques, soit l’approche des mouvements sociaux, les théories institutionnalistes (notamment la théorie de la régulation et l’approche des conventions) et les théories des organisations. Ces courants sont réinterprétés et articulés entre eux afin de construire un objet et un terrain de recherche : les innovations et les transformations sociales. Deux éléments importants de l’approche sont présentés dans un peu plus de détails, soit les notions d’innovation sociale et de modèle de développement. Dans une deuxième partie, nous voyons que la définition de l’économie sociale découlant de cette approche tient à la fois de théoriciens «classiques», mais aussi des apports de chercheurs qui se sont intéressés à la nouvelle économie sociale (ou à l’économie solidaire). L’exemple du «modèle» québécois d’économie sociale est brièvement décrit à l’aide de cette approche. Pour terminer, nous revenons sur quelques résultats que cette approche permet d’atteindre et qui mènent entre autres à repenser les rapports entre mouvements sociaux, institutions et organisations.,To mark the tenth anniversary of the Réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire (RIUESS), the organizers of the Luxembourg conference (June 34 2010) wanted to take stock of the research on the social and solidarity based economy (SSE). In spite of the numerous contributions about the various stakes, domains and difficulties of the SSE, there is still no agreement about the contours and foundations of the SSE. There is therefore a need to question the conceptual and epistemological foundations of the SSE. Such clarification is one of the conditions for the SSE to reach a status of a credible alternative to the mainstream way of thinking about the economy. The text that we submitted to this conference aims at presenting the Quebec social economy developed with the approach developed at the Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). While not synthetising all of CRISES production on the subject, we take inspiration from recent works that have focused on the way the social economy fosters social innovations and transformations. In the first part, we present the CRISES approach, which takes roots in three theoretical frameworks: the social movements approach, the institutionnalist theories (namely the French regulation and convention schools), and organization theories. These currents are reinterpreted and articulated to one another in order to construct a research object: social innovations and social transformations. Two important elements are presented in more details, the notion of social innovation and that of development model. In the second part, we see that the definition of the social economy that ensues takes from classical theoreticians but also from researchers whose interest was with the new social economy (or solidarity based economy). The example of the Quebec development model is rapidly described with the help of this approach. In the end, we discuss the type of results attained with this approach that brings us to rethink the relationship between social movements, institutions and organizations.