Marges de manœuvre des acteurs locaux de développement social en contexte d’austérité

Collection

Études théoriques et méthodologiques

Année

2017

Numéro

ET1701

Édition

Copublication Chaire de recherche du Canada en organisation communautaire / Centre de recherche sur les innovations sociales / ARIMA

Résumé

Dès l’introduction, l’auteur fournit les définitions de quatre concepts qui occupent une place centrale dans le texte, soit les concepts d’innovation sociale, de développement social, de politiques d’austérité et de co-construction des politiques publiques. Les politiques d’austérité sont définies comme étant celles que poursuit un gouvernement lorsqu’il recherche l’atteinte de l’équilibre budgétaire (ou le déficit zéro au Québec) en coupant dans les dépenses et sans promouvoir le dialogue social (ou la co-construction des politiques publiques). Le corps du texte est structuré en deux grandes parties. Dans une première partie, l’auteur, en ciblant les années 1960 à aujourd’hui, propose une relecture de l’histoire des politiques publiques québécoises qui ont un impact sur l’évolution du modèle québécois de développement social. Il le fait en surveillant particulièrement la présence des innovations sociales, des mouvements de décentralisation / centralisation et des politiques d’austérité. Il distingue quatre périodes : 1/ La première période touche les années 1960 à 1980 et correspond à l’arrivée d’une série de réformes social-démocrates qui constituent la première mouture du modèle québécois marquée par un fort interventionnisme de l’État dans l’organisation des politiques. 2/ La deuxième période porte sur les années 1990 à 2002 (en traitant la décennie 1980 comme un temps de transition). Elle se caractérise par l’essor d’une nouvelle série de réformes social-démocrates qui constituent la deuxième mouture du modèle québécois de développement. Cette mouture fait appel à une étroite coopération entre l’État et les acteurs de la société civile (dont ceux de l’économie sociale et solidaire) et à une bonne dose de co-construction démocratique des politiques. 3/ La troisième période se déploie de 2003 à 2014, pendant que se succèdent trois gouvernements du PLQ dirigés par Jean Charest et un bref intermède avec le gouvernement minoritaire du PQ dirigé par Pauline Marois. Cette période se caractérise par une remise en question du modèle québécois, par une baisse des innovations sociales et de la co-construction démocratique et par un mouvement de recentralisation dans le réseau de la santé et des services sociaux (SSS). Toutefois, le déficit zéro n’est pas une priorité de l’action gouvernementale. Donc, le Québec n’est pas encore à l’ère des politiques d’austérité. 4/ La quatrième étape commence au printemps 2014 avec l’arrivée du gouvernement du PLQ dirigé par Philippe Couillard. Elle est en continuité avec les années de gouvernement Charest eu égard à la remise en question du modèle québécois, à la recentralisation et médicalisation du réseau SSS, et au manque d’intérêt en faveur de la co-construction des politiques. Mais le gouvernement Couillard se distingue des années Charest en recherchant de façon implacable l’atteinte du déficit zéro via l’intensification des compressions budgétaires. Ainsi, pendant ces années, le gouvernement du Québec entre formellement dans l’ère des politiques d’austérité. Dans ce contexte d’austérité, le gouvernement du Québec impulse, à partir d’un nouveau pacte fiscal, un mouvement de décentralisation en direction des municipalités et des MRC. Paradoxalement, ce nouveau pacte impose aux gouvernements locaux infranationaux de fortes compressions budgétaires tout en leur transférant de nouvelles responsabilités en matière de développement local, de développement intégré sur les plans social, économique et environnemental. Dans la seconde partie du texte, l’auteur explore quatre pistes de réflexion critique qui apparaissent fécondes pour se prévaloir des marges de manœuvre tout en tenant compte des contraintes qui conditionnent les acteurs et les réseaux locaux et régionaux (ou infranationaux) qui veulent promouvoir le développement social en contexte d’austérité. Il se penche en particulier : sur les dynamiques de décentralisation amenées par le nouveau pacte fiscal et de centralisation intensifiées par les réformes du ministre Barrette dans le réseau SSS ; sur l’émergence d’une nouvelle famille d’associations qui soutiennent et accompagnent les acteurs de développement local et social ; sur les nouvelles responsabilités des élus et des acteurs de la société civile concernant le développement social dans les municipalités et les MRC ; sur le rôle des fondations progressistes en tant qu’alliés potentiels des acteurs locaux et régionaux de développement économique et social intégré.

mots clés

Innovation sociale, Transformation sociale, Modèle québécois, État, Société civile, Développement social, Co-construction des politiques, Pacte fiscal, Politique d’austérité, Déficit zéro, Développement local, Collectivité locale, Municipalité, Municipalités régionales de comté (MRC), Fondation, Décentralisation, Santé et services sociaux