TM2401 - Le modèle coopératif à l’épreuve de l’économie de plateforme : de la gestion algorithmique du travail à la précarisation de l’emploi - Une étude de cas au Québec
Collection
Thèses et mémoires
Année
2024
Numéro
TM2401
Auteur
Olivier Rafélis de Broves
Sous la direction de
Sid Ahmed Soussi
Édition
Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES)
Résumé
Ce mémoire explore le rapport au travail au sein d’une plateforme de transport et de livraison. L’étude du cas de Eva au Québec éclaire les potentiels et limites du coopérativisme de plateforme, mouvement militant/entrepreneurial né de l’évidence des dégâts causés par les plateformes capitalistes telles que Uber. Visant à redonner aux travailleur·euse·s numériques le contrôle de leur outil de travail, ces coopératives doivent croître rapidement (poussées par l’effet réseau) dans un environnement hostile (caractérisé par des financements limités et un marché hyper-concurrentiel). Notre problématique questionne la tension entre les principes du coopérativisme, d’une part, et les réalités du travail d’autre part (organisation du travail, contrôle et rémunération). Basée notamment sur un corpus de 11 entretiens qualitatifs, cette recherche met l’accent sur les freins à l’autonomisation et à la sécurisation des chauffeur·e·s. D’une part, le statut de travailleur·euse autonome les maintient dans une précarité équivalente à celle tristement célèbre chez Uber. D’autre part, l’hybridité du modèle d’Eva (une coopérative locale et une corporation globale) et son modèle de gouvernance sont porteurs de risque quant au contrôle réel exercé par les chauffeur·e·s sur leur outil de travail. Or, c’est bien ce contrôle qui leur offre une voie de sortie de la précarité. Au terme de cette analyse, des pistes de réflexion sont suggérées pour donner à ces formes alternatives visant l’émancipation du travail un réel pouvoir transformateur, audelà des discours.