La théorie critique de Nancy Fraser
Collection
Études théoriques et méthodologiques
Année
2020
Numéro
ET2001
Auteur
Sous la direction de
Paul-André Lapointe
Édition
Centre de recherche sur les innovations sociales
Résumé
Se préoccuper des inégalités sociales renvoie obligatoirement à la question de la justice sociale. Privilégiant une approche démocratique et discursive, accordant une place importante aux mouvements sociaux, Nancy Fraser considère la justice sociale comme une question de participation égale de toutes les personnes concernées aux débats associés à la conception et à la mise en œuvre des arrangements économiques, des modèles culturels et des cadres politiques respectivement associés aux enjeux de distribution, de reconnaissance et de représentation. Éliminer les injustices, c’est faire disparaître les obstacles institutionnalisés qui engendrent une distribution inique, un déni de reconnaissance et un déficit de représentation et qui privent les personnes concernées des ressources, de la reconnaissance et de l’opportunité de s’exprimer afin qu’elles puissent pleinement participer aux interactions sociales. Prolongeant l’apport du marxisme classique, centré sur l’exploitation et la lutte des classes, Nancy Fraser propose en outre une théorie étendue du capitalisme considéré comme un ordre social institutionnalisé, composé de quatre séparations (production économique et reproduction sociale, exploitation et expropriation, activités humaines et nature, économie et politique), associant chacune des dimensions du capitalisme à l’une ou l’autre des conditions qui le rendent possible. Ces séparations sont porteuses de contradictions et de crises qui donnent naissance aux mouvements sociaux et aux luttes sociales, au sujet desquels Nancy Fraser propose une nouvelle grammaire en ajoutant une troisième dimension, soit l’émancipation, au double mouvement de Polanyi, oscillant entre la société et l’économie. Enfin, la théorie critique de Nancy Fraser offre des pistes de réflexion sur la transformation sociale.